ACTUALITéS ISCPA
Une pédagogie toujours en mouvement
La pédagogie à l’iscpa est tout sauf une science figée ! Chaque année, fort des projets menés au sein des différents programmes de formation, bachelors et mastères, des retours d’expériences sont organisés avec l’ensemble des étudiants afin d’améliorer sans cesse les programmes en fonction des attentes des étudiants et des éditeurs médias. Ces derniers sont ainsi sollicités chaque année à travers en particulier deux institutions complémentaires.
COPP et CPP
Un COPP, Comité d’Orientation Pédagogique et Professionnel se réunit à l’initiative de la Direction de l’ISCPA. Ce conseil a pour missions principales de constituer un observatoire sur l’évolution des métiers liés au journalisme et assure une veille permanente sur les compétences attendues par la profession. De plus, il permet aux professionnels de l’information de suivre les évolutions pédagogiques de nos programmes et de participer éventuellement à la création de nouveaux modules de formation. C’est d’ailleurs sous les conseils des membres bénévoles de ce COPP que nous avons organisé une soirée-débat à la Maison de la radio sur l’avenir de la formation au journalisme avec pour invités : Elise Vincent du Monde, Lenaïg Bredoux de Mediapart, Hugo Travers alias Hugo Décrypte.
En parallèle à ce COPP, l’ISCPA réunit depuis deux ans désormais, deux fois par an, un Conseil Pédagogique Paritaire pour lequel sont invités les représentants des 6 organisations professionnelles représentatives des éditeurs de presse (APIG, SMSP, FFAP, SEPM, FNPS, SNRL) et les 6 organisations syndicales représentant les journalistes professionnels (SNJ, CGT, CFDT, FO, CGC, SNAJ-CFTC). Là encore, selon les attendus de la CPNEJ (Commission Paritaire Nationale de l’Emploi des Journalistes), ces rencontres nous permettent d’échanger sur les contenus pédagogiques propres à cette profession en évolution permanente. Ainsi, par exemple, lors de notre dernière rencontre du 4 avril 2023, à laquelle ont pu participer notamment, le représentant de l’APIG, Pierre Pétillault mais aussi Rozenn Kerlan, représentante du SMSP et Jean-Christophe Raveau pour le FNPS, il a beaucoup été question de deux évolutions importantes liées au métier du journalisme, à savoir l’OSINT et l’Intelligence Artificielle.
De l’osint …
En effet depuis ces dernières années, l’investigation journalistique s’est considérablement développée avec les données en Open Source gratuitement sur internet. Une formation devenue indispensable pour nos étudiants en journalisme et dispensée par Thomas Eydoux, alumni de l’ISCPA, désormais journaliste au sein du service vidéo du « Monde ». Retrouvez sur Monde et sur France 24 ses enquêtes ou décryptages sur l’actualité des conflits armés.
L’OSINT se décline en plusieurs variantes, avec toujours INT à la fin : GEOINT (analyse d’images), SOCMINT (analyse des réseaux sociaux), HUMINT (l’enquête physique sur des personnes physiques), SIGINT (l’analyse des réseaux et signaux), etc. Ces acronymes viennent du monde du Renseignement et de l’Intelligence Économique. Néanmoins, depuis plusieurs années, le monde du journalisme s’en empare petit à petit. Désormais, il est possible de géo-localiser une vidéo trouvée sur une chaîne Télégram, d’authentifier l’heure à laquelle elle a été tournée (grâce aux ombres), reconnaître des véhicules militaires et comparer des dégâts avec des images satellites.
Cela représente un univers à part, où chercheurs, militants, analystes et journalistes gravitent autour. Le précurseur de cette tendance a été Bellingcat, un site internet où des citoyens analysaient des crimes de guerre en Syrie et en Ukraine. Les infos obtenues ont été relayées dans les « grands médias » internationaux, comme le New York Times, CNN ou Le Monde.
Le New York Times a été le premier à « investir » dans cette tendance, en créant une cellule d’investigation visuelle – et en débauchant un journaliste de chez Bellingcat. Désormais que ce soit Le Monde, France 24, FranceTV, BBC ou Washington Post, de nombreux médias référents ont leur cellule OSINT.
… À Chatgpt
Un second échange de réflexion a également eu lieu autour de l’Intelligence Artificielle sous l’égide d’Eric Ouzounian, compte tenu de l’émergence dans la pédagogie de logiciels tels que ChatGPT. Comme en termes de data journalisme, au-delà des outils à la disposition des « étudiants- journalistes », se posent des questions non seulement techniques mais aussi déontologiques et juridiques autour de la responsabilité des journalistes en lien avec les éditeurs et leurs publics.
Mais si les outils d’IA générative, tels que ChatGPT et Google Bard pour les textes ou Midjourney pour les images auront un impact considérable, les journalistes devront s’adapter pour rester compétitifs. Toutefois, si l’IA peut générer des contenus, ce sont l’expérience et les compétences humaines qui sont et resteront nécessaires pour lui donner une touche personnelle et pour en garantir la qualité ! Cette évolution permettra sans doute de tracer une frontière enfin plus claire entre information et de simples contenus. Cette évolution pourrait d’ailleurs remettre en cause les modèles productivistes de certaines rédactions web et d’optimisation SEO…
Le journalisme humain, fort d’investigation et de vérification, a donc encore de beaux jours devant lui et nécessite plus que jamais une formation solide, telle que celle dispensée par l’ISCPA.